La professeure Laurence Godin, accompagnée par deux étudiantes de l’Université Laval, Oumayma Aghzere et Amélie Zarir, a exploré les défis de la consommation d’objets de seconde main.  Découvrez le résumé de leurs travaux.  

Résumé

À l’ère des changements climatiques et de la crise environnementale, s’engager dans une transition vers des modes de consommation plus durables est urgent. Réduire l’impact de la consommation des ménages fait partie des mesures à prendre. Dans cet esprit, ce projet s’est penché sur l’intégration des principes de l’économie circulaire dans la vie quotidienne, et sur manière dont les objets tombent en désuétude, circulent et sont réappropriés par les ménages. Pour ce faire, une vingtaine d’entretiens de recherche et plusieurs séances d’observation participante ont été menées afin de comprendre ce qui pousse les consommateurs à donner ou à vendre de leurs possessions, ou encore à se procurer des objets usagés. 

Trois grandes conclusions se dégagent. La première, c’est que s’engager dans l’achat, la vente, la recherche ou le don d’objets usagés demande de nombreuses ressources, notamment du temps, des compétences et un moyen de transport approprié. Pour cette raison, dans l’état actuel des choses, donner une deuxième vie aux objets du quotidien relève plus d’un loisir ou d’une passion que d’une pratique à large échelle. La consommation d’objets de seconde main tend également à contrevenir aux normes dominantes en lien avec les objets de consommation et peut créer des frictions entre les membres d’un ménage, par exemple. Se débarrasser d’objets devenus désuets est toutefois perçu comme étant beaucoup plus simple, par exemple par la vente en ligne ou le don à un organisme de bienfaisance. La deuxième conclusion concerne le rôle central des réseaux sociaux – plus particulièrement Facebook – pour l’ensemble des acteurs impliqués, notamment via les petites annonces (Marketplace) ou pour les communications des groupes actifs autour de ces enjeux. L’algorithme qui détermine la visibilité des publications joue un rôle fondamental dans la circulation des objets entre les ménages et peut, de ce point de vue, soit la promouvoir, soit l’entraver sérieusement. 

Finalement, il est apparu clairement que les infrastructures qui existent pour permettre aux consommateurs de se procurer des objets usagés ainsi que de s’en départir sont déficientes. Les enjeux, ici, ne se posent pas tant du côté des consommateurs que des organisations. Entre autres, si les dons aux organismes communautaires fonctionnent bien pour les consommateurs, la situation est fort différente pour les organismes eux-mêmes, qui travaillent avec peu de ressources et se trouvent aux prises avec des volumes importants de matière à gérer, qui n’est pas toute propre à la vente ou de bonne qualité. Pour faciliter la circulation d’objets de seconde main, il faut donc impérativement développer des infrastructures qui fonctionnent bien tant au moment de se procurer que de se départir de ses biens, une condition incontournable pour permettre la généralisation de cette forme de consommation. 

À propos du projet

Le projet « La deuxième vie des choses : une étude sociologique du processus de réappropriation des objets désuets » a été mené par Laurence Godin et deux étudiantes de l’Université Laval. 

Le RRECQ est soutenu par les Fonds de recherche du Québec.
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