Depuis quelques années, les recherches en matière de durabilité dissocient les notions de durabilité forte et de durabilité faible. La durabilité faible renvoie aux trois sphères du développement durable, médiatisée par le Triple Bottom Line (TBL). La durabilité faible repose sur l’idée, que les facteurs de production sont tous substituables, que l’innovation constitue la seule solution pour maintenir un soupçon de croissance dans une économie ou encore que les questions environnementales peuvent être réduites à des taxes, la création de droits de propriété ou de marchés.

La durabilité forte insiste davantage sur l’existence de limites planétaires et d’un plancher social, symbolisé par l’encastrement des sphères (l’économie se situant à l’intérieur de la société, elle-même encastrée dans la biopshère). La durabilité forte revendique l’existence d’un capital naturel qu’il convient de protéger et pose clairement les limites de la croissance économique.

Si l’économie circulaire remet en cause la représentation linéaire des processus de production et de consommation, tout en introduisant des références à l’économie de la fonctionnalité ou à la coopération (symbioses industrielles dans l’écologie industrielle), elle ne parvient pas à s’extirper des chaines de valeur ou encore d’une simple logique de recyclage (c’est le modèle des 4 R souvent décrit dans les grandes entreprises). De ce fait, l’économie circulaire ne s’apparente pas à un changement de paradigme, mais à une valorisation des déchets (Réutilisation, Réparation, Recyclage) et à une optimisation des ressources naturelles (Eco-design).

Repenser l’économie circulaire au prisme de la décroissance – qui prône une réduction planifiée démocratiquement de la production et de la consommation afin de restaurer notre empreinte environnementale et maintenir une certaine forme de bien être – permet de réévaluer nos besoins, de relocaliser nos modes de production et les moyens monétaires s’y rattachant (les monnaies complémentaires) et de changer de paradigme (passage du high tech au Low tech).

Conférencier :

Arnaud Diemer est professeur associé à l’Université Clermont Auvergne (France) et à HVL (Norvège). Il est rattaché au laboratoire CERDI (UCA) et au département des sciences de l’environnement (HVL). Il a été coordinateur scientifique du Centre d’Excellence Jean Monnet sur le Développement Durable (ERASME) de 2016 à 2022. Il est actuellement titulaire de la Chaire Jean Monnet sur l’économie circulaire et l’écologie industrielle, membre de l’Observatoire de la Post-Croissance et de la Décroissance (opcd.co) et associé au Postgrowth Institute (USA).

Webinaire à réécouter :

Le RRECQ est soutenu par les Fonds de recherche du Québec.
Fonds de recherche - Québec