Le RRECQ a développé grâce à un exercice participatif une vision collective de l’économie circulaire au Québec en 2050. Plus de 250 personnes d’horizons variés ont été mises à contribution dans le cadre d’ateliers de co-design, ainsi qu’une cinquantaine d’experts et d’expertes qui ont apporté leur regard éclairé sur les idées qui ont émergées en groupe. Voici le résultat de cet exercice prospectif.

Vision du futur souhaitable

En 2050, les pratiques d’économie circulaire fondées sur les valeurs de solidarité et de coopération imprègnent toutes les sphères de la société québécoise, entraînant une forte réduction des ressources consommées. Elles permettent non seulement d’assurer un accès juste et équitable aux biens et services essentiels à la population, d’améliorer son bien-être et préserver sa qualité de vie, mais aussi de protéger les écosystèmes en respectant leurs limites naturelles et en favorisant leur régénération. Une nouvelle normalité se consolide au Québec :

  1. Une production circulaire, régénérative, durable et résiliente.
  2. Une consommation sobre et circulaire, avec un respect de la nature bien ancré dans la culture.
  3. Une gouvernance des ressources inclusive, transparente et équitable qui protège la santé des écosystèmes.

1. Une production circulaire, régénérative, durable et résiliente

  • Une plus grande autonomie de la production nationale pour répondre aux besoins essentiels : en misant sur les atouts de chaque région pour produire localement, on valorise les échanges interrégionaux sans se fermer à des échanges internationaux de plus en plus responsables sur le plan environnemental et social. Le Québec augmente et spécialise sa production locale de biens et services essentiels en utilisant un minimum de matières vierges et en optimisant les ressources matérielles et l’énergie disponibles sur le territoire, assurant la création d’emplois locaux et une chaîne d’approvisionnement plus solide et stable, avec moins d’impacts environnementaux et de meilleures retombées sociales. Le Québec fait preuve d’un engagement en faveur de l’utilisation des énergies renouvelables, d’une utilisation plus efficace de l’espace et d’une logistique optimisée. 
  • Des flux de matières, d’eau et d’énergie gérés à la bonne échelle : ​​chaque secteur économique a structuré ses chaînes de valeur en fonction de ce qui est le plus pertinent en termes de ​​concentration ou de décentralisation des différents types de flux à gérer. Cela favorise la coopération entre des organisations de tailles et de types variés. Les entreprises privées et celles de l’économie sociale et solidaire collaborent étroitement pour déployer les différentes stratégies de circularité propres à leur secteur.  
  • La majorité des parties prenantes respecte la hiérarchie des stratégies de circularité : partout où cela est possible, et en essayant de limiter au maximum les effets rebond, elles suivent une hiérarchie pour choisir les stratégies d’économie circulaire les plus pertinentes pour leur contexte. Elles visent d’abord à réduire considérablement la consommation de ressources, à utiliser plus fréquemment les produits en les partageant avec d’autres usagers, à prolonger leur durée de vie et à donner une seconde vie aux ressources. Elles veillent à préserver la valeur des produits, des composants et des ressources tout au long de la chaîne de valeur, en adoptant une approche d’interconnexion des ​parties prenantes​, assurant ainsi la résilience économique et environnementale. 
  • Une recherche et développement en partenariat : ​​Au Québec, la recherche sur l’économie circulaire valorise l’échange d’expériences, d’expertises et de savoirs entre les acteurs académiques et de terrain. Elle favorise aussi le développement d’innovations qui répondent efficacement et en continu aux besoins et défis émergents. De plus, le Québec adapte les innovations internationales en économie circulaire les plus pertinentes aux spécificités locales. 
  • Des emplois de qualité et un travail collaboratif : Les emplois de l’économie circulaire sont de qualité, avec une main-d’œuvre suffisante, compétente et diversifiée, bénéficiant d’une rémunération juste et équitable, d’un environnement de travail sain, et d’un accès à la formation. La collaboration est encouragée à tous les niveaux.  

2. Une consommation sobre et circulaire, avec un respect de la nature bien ancré dans la culture

  • Une circularité maîtrisée et intégrée dans les gestes quotidiens : La population québécoise a trouvé des façons innovantes de répondre à ses besoins en réduisant significativement sa consommation de ressources. Cette culture dynamique et avant-gardiste de sobriété et de circularité lui a permis de maintenir un bon niveau de confort et de bien-être, notamment pour se déplacer, se loger, se nourrir et se vêtir. Les milieux densifiés sont désirés, car ils facilitent l’accès aux biens et aux services, favorisent la participation aux pratiques citoyennes de l’économie circulaire, telles que l’entretien et la réparation, encouragent l’utilisation du transport actif et réduisent les besoins de transport sur de longues distances. Les produits durables, les aliments locaux et saisonniers, les objets d’occasion et la prolongation de la durée de vie des biens et des produits sont privilégiés, favorisant des pratiques contraires à l’obsolescence. La plupart des personnes ont développé une relation plus sobre avec les objets et les infrastructures : on a à cœur d’en prendre soin et de n’utiliser que ce dont on a besoin; les pertes et le gaspillage ne sont pas tolérés.  
  • Un nouveau rapport à la propriété : La possession et l’accumulation de biens matériels ne sont plus considérées comme des symboles de réussite économique et sociale. Une majorité de la population et des organisations pratiquent l’économie de la fonctionnalité et l’économie collaborative, que ce soit pour des objets, des locaux, des logements ou des moyens de transport collectifs. On choisit avec soin les biens pour lesquels il est plus avantageux de payer pour l’usage que d’acheter. Avec le temps, une relation de confiance s’est créée entre les organisations qui offrent ces services et les utilisateurs.
  • Un système d’éducation et de formation qui soutient la transition circulaire : Le système éducatif et de formation renforce en permanence les capacités, les compétences locales et l’expertise nécessaires à la mise en œuvre de l’économie circulaire dans tous les secteurs de l’économie.  
  • Une nature appréciée pour sa valeur intrinsèque : Une grande partie de la population se sent profondément connectée à la nature et a à cœur de protéger les écosystèmes, en reconnaissant leur rôle essentiel pour le bien-être de la société. On prône le respect des limites planétaires, la régénération des espaces naturels et la protection active de la biodiversité. 

3. Une gouvernance des ressources inclusive, transparente et équitable qui protège la santé des écosystèmes

  • Un cadre politique et réglementaire solide et cohérent entre les paliers de gouvernement (fédéral, provincial, municipal et autochtone) : Respectueux des limites planétaires et de la capacité de charge des écosystèmes, ce cadre encourage fortement la réduction de la pollution et de la consommation ainsi qu’une utilisation optimale des ressources par un nombre croissant de personnes et d’organisations. Des mécanismes incitatifs et coercitifs efficaces sont largement acceptés, car ils soutiennent la justice sociale et le bien commun. 
  • Une gestion concertée, durable et équitable des ressources bien établie : Un leadership gouvernemental fort, associé à une participation citoyenne engagée et diversifiée, garantit une bonne gestion des ressources naturelles. Cette approche renforce notre souveraineté sur l’utilisation judicieuse des ressources et positionne le Québec comme un exemple de gouvernance responsable et durable. 
  • Un partage des ressources et une accessibilité aux produits et services nécessaires pour répondre aux besoins essentiels : Chaque personne satisfait ses besoins fondamentaux dans le respect de l’équité et de la justice sociale, au Québec, comme à l’étranger. ​​Au Québec, nous sommes en mesure de bien évaluer la capacité de charge de nos écosystèmes, de nos infrastructures et de notre tissu social à accueillir de nouvelles industries, à produire des biens et services pour répondre aux besoins, et à exporter nos ressources. De même, nous évaluons de façon adéquate et systémique nos besoins d’en matière d’importation et d’exportation.
  • Une intégration d’outils de pilotage efficaces, fondés sur une approche éthique : La technologie numérique, dont l’intelligence artificielle, est utilisée de façon pertinente pour coordonner, suivre les progrès, surveiller et assurer la traçabilité des chaînes de valeur. Cette approche valorise l’analyse et le regard critique des décideurs, tout en limitant l’impact environnemental de ces technologies et en prévenant des dérives sociales comme l’atteinte à la vie privée et la cyberdépendance. Des outils tels que l’analyse des flux de matières, les indicateurs de circularité, de progrès social, de préservation des écosystèmes et l’analyse environnementale du cycle de vie sont largement intégrés au suivi de la circularité. 

Feuille de route participative vers l’économie circulaire

Le RRECQ, avec le soutien méthodologique de Chemins de transition, coordonne l’élaboration d’une « Feuille de route pour la transition vers une économie circulaire de la société québécoise à l’horizon 2050 ». Ce projet s’inscrit parmi les thématiques et projets structurants du Réseau. En 2025 seront dévoilés les jalons de cette feuille de route pour relier le présent au futur souhaité présenté dans cette vision. Merci à toutes les personnes qui participent à la démarche! Pour en savoir plus, contactez Marlybell Ochoa Miranda.

Le RRECQ est soutenu par les Fonds de recherche du Québec.
Fonds de recherche - Québec