La professeure Sophie Bernard et son étudiant Pedro Cybis se sont penchés dans le cadre de leur recherche sur le phénomène de mode rapide et, plus particulièrement, sur le comportement de destruction d’inventaires invendus par les détaillants. Découvrez le résumé de ses travaux en économie circulaire.

Résumé

La mode rapide augmente la consommation mondiale et génère un besoin accru de nouveaux produits à chaque saison. Les tendances s’estompent rapidement, alors les produits restants perdent leur valeur et occupent un espace important dans les magasins. La destruction des stocks invendus contribue à l’impact environnemental déjà important de l’industrie de la mode. Dans un contexte de fast fashion, les détaillants et les marques commandent des quantités supérieures à la demande réelle, ce qui génère des stocks d’invendus. Ce stock en excédant doit être géré, mais il existe actuellement peu d’alternatives durables aux sites d’enfouissement et aux centres d’incinération.

La pensée fondée cycle de vie établit la pertinence d’aborder ces enjeux d’élimination en examinant la manière dont les produits sont conçus, fabriqués et distribués. La première partie de ce projet est une vue d’ensemble de la chaîne d’approvisionnement conventionnelle d’un vêtement en suivant les flux de coton et de polyester depuis le stade de matière première jusqu’aux vêtements usagés en post-consommation. Elle met en évidence les principales activités générant des externalités négatives dans l’industrie de la mode et la façon dont le contexte mondialisé de l’industrie crée des pays consommateurs dépendants des importations pour leur consommation de vêtements tout en étant mal équipés pour gérer les résidus textiles. L’étude montre également comment la réutilisation et le recyclage sont des stratégies majeures pour une transition durable, mais fortement limitées par la saturation des marchés de seconde main et le manque de pratiques fiables de gestion des déchets textiles.

La deuxième partie développe un modèle d’optimisation proposant une fonction de demande incluant le désir de nouveauté des consommateurs et l’élasticité croisée des vêtements considérés à la mode en début de saison et du même produit en solde en fin de tendance. Dans un premier temps, un détaillant résout un problème de production tout en considérant la présence de politiques publiques : une taxe sur l’élimination des stocks invendus et un tarif de responsabilité élargie du producteur. Ensuite, les quantités mises sur le marché dans cet équilibre sont comparées à un optimum social trouvé par un planificateur social maximisant la fonction de bien-être social. L’objectif est de mettre en évidence l’effet des incitatifs économiques sur la prise de décision du détaillant concernant les inventaires. En tant que coûts supplémentaires à la production, il y a une baisse attendue de la quantité totale produite. Ensuite, une analyse statique comparative est effectuée pour les paramètres. Notamment, la volonté des consommateurs de payer pour la nouveauté fait pression sur les détaillants pour qu’ils mettent sur le marché des collections à la mode à chaque saison, ce qui pousse à une augmentation des prix pour soutenir cette production.

Principalement, le projet apporte une interprétation nouvelle des mécanismes qui engendre les inventaires invendus et qui déterminent leur traitement en fin de vie. Alors que le focus est souvent mis sur les stratégies d’écoconception, il y a un manque de considération des politiques publiques capables de supporter la transition durable de l’industrie.

Comme le montrent à la fois la revue de littérature et le modèle, les politiques publiques sont essentielles pour soutenir le développement et l’adoption de solutions pour limiter l’impact des externalités de l’industrie. Étant donné que les stocks invendus sont observés et attendus des entreprises, il est nécessaire que les décideurs politiques réduisent les incitations et les mécanismes existants conduisant à la création et destruction des stocks en excédant.

À propos du projet

Le projet « Fast fashion: destruction des invendus et politiques publiques » a été mené par la professeur de Polytechnique Montréal Sophie Bernard et son étudiant Pedro Cybis. Il a reçu un soutien financier du Réseau de recherche en économie circulaire du Québec (RRECQ).

Le RRECQ est soutenu par les Fonds de recherche du Québec.
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