Le professeur Jean-François Audy et son équipe composée de Karine Bouchard, Florence Blouin, Thileli Medani et Bechir Ben Daya, ont réalisé une analyse réglementaire et logistique de la chaine de valeur des balayures de rue. Découvrez le résumé de leurs travaux. 

Résumé

Chaque hiver dans les pays nordiques comme le Québec, des abrasifs tels que le sable et les pierres concassées sont épandus sur le réseau routier. Au printemps, une quantité de ces abrasifs est récupérée lors des opérations de balayage du réseau routier, générant une matière résiduelle récurrente (balayures de rue) qui est, pour l’essentiel, enfouie. La faisabilité technique d’une approche d’économie circulaire orientée vers un réemploi des balayures en abrasifs à l’hiver suivant fut antérieurement démontrée à l’échelle systémique. Toutefois, des enjeux d’opérationnalisation demeurent et ce projet s’attardait à deux volets : l’impact de la réglementation environnementale et la formalisation des éléments de conception d’un système circulaire pérenne.  

Au Québec, diverses réglementations environnementales encadrent la gestion des matières résiduelles dont les balayures. Des études antérieures ont permis de colliger et analyser une importante banque de données historiques relatives à la caractérisation chimique et géotechnique de balayures conditionnées. Un constat crucial émerge : selon la réglementation environnementale actuelle, il n’y a que quelques critères de la caractérisation chimique qui limitent le potentiel empirique de réemploi des balayures en abrasifs. Une nouvelle analyse de cette banque de données historiques fut réalisée en repositionnant cette restriction (représentée par le carré noir dans la figure 1) après plutôt qu’avant la préparation des abrasifs à partir d’une fraction de balayures conditionnées et d’abrasifs vierges. Privilégiant une caractérisation du produit final recyclé (figure 1-b) qui sera ultimement épandue sur les routes plutôt que de l’intrant en processus de circularité (figure 1-a), cette approche théorique modifie la cartographie des flux matériels du système circularisé. Le potentiel empirique de réemploi en abrasifs serait ainsi doublé, ce qui motive des travaux dédiés à une réglementation environnementale stricte mais davantage favorable au réemploi. 

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Figure 1 : Cartographie des flux matériels selon une caractérisation des balayures conditionnées (a) ou des abrasifs recyclés (b).

Une première tentative de cadre conceptuel en matière de conception d’un système circulaire pérenne en gestion des matières résiduelles fut élaborée. Basé sur une recension de littérature en économie circulaire et spécifique au domaine des matières résiduelles, ce cadre s’articule autour de quatre principaux thèmes : la gouvernance du développement durable, les acteurs et aspects contractuels, les capacités et ressources du système au niveau régional et, finalement, l’innovation. Bien qu’exploratoire, l’application des fondements de ce cadre pour une transition à une gestion circulaire des balayures soulève la nécessité de travaux approfondis sur les alternatives en système circulaire, notamment en matière d’approches contractuelles adaptées, de mutualisation gagnante et de collaboration accrue dont en partenariat public-privé. Poursuivre la recherche est cruciale pour une opérationnalisation avisée et pérenne. 

À propos du projet

Le projet « Nouvelles approches contractuelles et en règlementation environnementale pour la mise en œuvre d’une chaîne d’approvisionnement circulaire dans le domaine du balayage de rue printanier » a été mené par Jean-François Audy, professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), en collaboration avec Karine Bouchard, codirectrice chez Biopterre, ainsi que Florence Blouin, Béchir Ben Daya et Thileli Medani, étudiants à l’UQTR.

Le RRECQ est soutenu par les Fonds de recherche du Québec.
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