Les professeurs Juste Rajaonson et Chedrak Chembessi ont mené des entretiens pour explorer les externalités sociales de la transition circulaire. Découvrez le résumé de leurs travaux.
Résumé
Cette recherche explore les externalités sociales de la transition vers l’économie circulaire à travers l’étude du cas de la Ville de Montréal. Alors que les impacts sociaux indirects et non intentionnels de l’économie circulaire suscitent un intérêt croissant, leur compréhension demeure relativement fragmentaire, surtout lorsqu’ils sont analysés sous un prisme territorial.
À partir d’une revue de littérature, nous avons formulé 11 hypothèses, testées à Montréal via 20 entretiens semi-dirigés avec des acteurs impliqués dans les consultations publiques de sa feuille de route en économie circulaire.
Les résultats préliminaires révèlent plusieurs tensions. Premièrement, l’impact de l’économie circulaire sur l’emploi reste incertain : elle transforme des métiers, créant à la fois des risques de précarisation pour les travailleurs non qualifiés et des perspectives d’amélioration conditionnées à une formation adaptée. À ce propos, l’expérience des organisations de l’économie sociale, qui placent le social avant le circulaire, pourrait inspirer une approche plus inclusive. Deuxièmement, des activités centrales dans une économie circulaire, comme le traitement des matières résiduelles dans la plupart des secteurs d’activité, génèrent des nuisances et des résistances géographiquement ciblées. Troisièmement, en termes d’équité, les opportunités économiques restent mal réparties et la marchandisation des biens circulaires peut limiter l’accès pour les plus démunis. Enfin, sans une gouvernance plus transversale, l’économie circulaire risque de reproduire les limites du modèle dominant qui occulte ses externalités sociales.
Par cette étude, nous réitérons que l’appropriation de l’économie circulaire comme une véritable alternative au modèle dominant doit reposer sur des démarches de planification, des politiques et des pratiques qui ne reproduisent pas l’erreur d’ignorer les externalités, qu’elles soient positives ou négatives. Une transition bien pensée permet de maximiser les bénéfices, y compris au-delà du cadre où elle est mise en œuvre.